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Ananta
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MessageSujet: La Lémurie   La Lémurie EmptyMer 8 Jan 2020 - 18:03

La Lémurie est un continent hypothétique (hypothèse infirmée) situé dans l'Océan Indien, parfois confondu avec le continent Mu situé dans le Pacifique.


L'hypothèse de la Lémurie
Au XIXe siècle, à une époque où la dérive des continents n'était pas encore connue des géologues, le zoologiste Philip Sclater cherche à expliquer la distribution de certains mammifères, dont les lémuriens, dans des zones géographiques éloignées. Il forge alors le mot « Lémurie » pour désigner un continent hypothétique situé dans l'océan indien, qui aurait autrefois été un « pont » par delà l'océan Indien.

Le naturaliste allemand, Ernst Haeckel (1834–1919) popularise cette hypothèse en 1870 : il induit de la présence de lémuriens à Madagascar et en Malaisie l'existence d'une Lémurie dans l'océan Indien. Le scientifique français Jules Hermann reprend également cette idée dans Les Révélations du Grand Océan, publié à titre posthume en 1927.

Les connaissances en géologie infirment aujourd'hui cette hypothèse.


Récupération et propagation du mythe

Se basant sur les hypothèses émises par les chercheurs de son époque Helena Blavatsky reprend le thème d'un continent polynésien aujourd'hui disparu dans « Isis dévoilée » dès 1877. Elle n'en parle alors que très sommairement et le mot de Lémurie n'y est d'ailleurs cité qu'une seule fois. Le théosophe A.P. Sinnett en traite ensuite dans son livre « Le Bouddhisme ésotérique » en 1883. Blavatsky en parle de nouveau dans le tome III de « La Doctrine Secrète » parue en 1888 et Le théosophe Scott Elliot en dit quelques mots également en 1896 dans son livre l'« Histoire de l'Atlantide ». En 1904, Rudolf Steiner publie des articles sur ce sujet dans la revue théosophique allemande « Lucifer-Gnosis », lesquels furent ensuite publiés dans le recueil « Chronique de l'Akasha ». En 1930, W. Scott-Elliot y consacra un petit ouvrage « La Lémurie perdue ». Les ouvrages de James Churchward, publiés à partir de 1926, reprennent la Lémurie en l'amalgamant à Mu comme un seul grand continent englouti. Certains auteurs associent aussi la Lémurie au continent légendaire de Kumari Kandam. L'auteur de fantasy Lin Carter a repris le nom de Lémurie pour son Cycle de Thongor, qui se situe sur un continent imaginaire.


Archéologie
L'hypothèse de la disparition d'un continent entier dans l'océan indien ne repose sur aucun fondement géologique sérieux, et la Lémurie de Sclater constitue bien une hypothèse scientifique infirmée. Il reste tout à fait possible que la montée des océans depuis la fin du paléolithique ait recouvert de petites portions de territoires en Inde, comme le montre la découverte des ruines d'une cité presque aussi ancienne que Harappa ou Mohenjo-daro dans l'ancien estuaire du fleuve Sarasvatî. Ces éléments archéologiques, parfois présentés comme des « preuves » de l'existence de la Lémurie, sont bien sûr à remettre dans leur contexte, et n'apportent a priori rien d'autre qu'une meilleure connaissance du peuplement primitif de l'Inde.

source :wikipédia

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Ananta
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MessageSujet: Re: La Lémurie   La Lémurie EmptyMer 8 Jan 2020 - 18:04

un bouquin très détaillé sur la lémurie :

voici quelques extraits :

La Lémurie, un mythe littéraire de l’Océan indien

Par Christophe CHABBERT
Docteur de l’Université de Paris XIII


Le mythe des continents engloutis est une source de fantasmes pour l’humanité. A côté de la légende célèbre de l’Atlantide platonicienne et de la très énigmatique terre de Mu des chantres de l’ésotérisme, il existe une autre légende moins connue sans doute que les deux précédentes : la Lémurie. Elle fut et demeure sans doute encore aujourd’hui le théâtre de tous les amalgames (ésotérisme, archéologie, géologie, prophétisme, apocalyptique, épopée…) et c’est avec l’exploitation littéraire de ce mythe que Malcolm de Chazal amorce un virage décisif pour la suite de son œuvre. Avec Petrusmok, le « roman mythique » dans lequel il évoque cette terre perdue, il entreprend toute une réflexion métaphysique sur les origines de l’univers, réflexion qui ne cessera de hanter ses textes jusqu’à la fin de sa vie.

La légende « officielle » :
Les révélations de Jules Hermann

Selon la « légende officielle », Jules Hermann, un homme politique réunionnais d’une grande érudition, serait à l’origine de l’invention du mythe de la Lémurie, dans la littérature d’expression française de l’Océan indien.
De quoi s’agit-il exactement ? le livre de Jules Hermann retrace la découverte des origines du langage par les transformations géophysiques de la planète. Aux dires du Réunionnais, un vaste continent avait émergé autrefois, au sud de la planète. Il s’agissait du continent lémurien, «en forme de croissant, qui s’étendait de l’Océan indien à la Patagonie, partant du sud de Ceylan, englobant les Mascareignes et Madagascar, passant au-delà le cap de Bonne-Espérance [...] ». Cette Lémurie, Jules Hermann la considère comme le continent originel, le berceau oublié de l’humanité.
Depuis la Renaissance, de nombreux scientifiques se penchant sur le problème, élaborent de multiples hypothèses fondées sur des recherches archéologiques. La Lémurie a été en effet l’objet d’une attention particulière de la part des géologues Slater en 1830, Blandford et Haeckel en 1860. Ce continent perdu s’étendant du Dekkan à l’Afrique du sud, Slater lui donne le nom de Lémurie en raison de la présence sur son sol de primates, les Lémuriens, que l’on ne trouve plus qu’à Madagascar. Quant à Haeckel, il estime que l’émergence de ce continent serait intervenue lors de la période permienne , il y a quelque deux cent cinquante millions d’années.

Lémurie et géologie

C’est en se fondant sur ces recherches scientifiques tout à fait sérieuses, et plus particulièrement sur celles du géographe Geoffroy Saint-Hilaire, que Jules Hermann fonde ses propres investigations géologiques. Son objectif est de rechercher « la trace de l’enchaînement ontologique, la filiation en botanique et aussi, les vestiges certains du passage d’êtres humains » sur l’immense excavation qui s’est produite pendant les phases du tertiaire au sud des Indes, ainsi que sur les pointes restées immergées de l’ancien continent austral.

Hermann, reprenant la datation évaluée par Haeckel, considère qu’au Permien, « le relief terrestre était le contraire de ce qu’il est aujourd’hui : une grande masse continentale a subsisté tout entière dans le sud, c’est-à-dire là où nous voyons aujourd’hui la croûte terrestre toutes aux eaux de l’Océan ». Ce continent se composait de l’Amérique du sud moins les Andes, de l’Afrique, de la Lémurie, représentée par Madagascar, les Mascareignes « et tout un monde affaissé depuis, qu’on voit sous les eaux » , de l’Inde et de l’Insulinde.
Pour prouver l’ancienne continentalité de cette région actuellement inondée et montrer d’une manière irréfutable son occupation par une lointaine humanité, Jules Hermann doit se tourner vers des formes d’investigations bien différentes de celles utilisées par l’anthropologie traditionnelle. Il doit en effet faire appel à la nature, faire parler le sol et l’océan, la pierre et la plante, puisque les plaines anciennement habitées du continent perdu « ne pourront révéler le passé que le jour où les eaux s’épancheront ». Il décide donc de s’en prendre aux témoins restés émergés de la Lémurie et d’en faire parler les particularités saisissantes, en s’appuyant sur tout ce que « cette nature a d’original et de frappant ».

De l’observation à la révélation

Dès lors, que découvre-t-il ? au cours de ses excursions entreprises au cœur du relief réunionnais, il est bien forcé de reconnaître que les montagnes de son île semblent avoir été « travaillées et martelées ». Ne se satisfaisant pas de ses constatations surprenantes, il pousse ses recherches et découvre que le géographe français Elisée Reclus a pu examiner à Ceylan et dans le Dekkan, des sculptures minérales semblables à celles qu’il a observées chez lui, à la Réunion. Reclus est persuadé que les montagnes indiennes ont été « découpées, arrondies et façonnées » par un peuple ancien, soucieux de rendre un culte à une divinité archaïque. Il découvre aussi que les monolithes énormes que ces « humaniens » dégagèrent de la masse montagneuse, sont très souvent constitués par un gneiss semblable à celui de Madagascar. A côté de ce gneiss, il signale par ailleurs la présence de latérite, une terre rouge que l’on rencontre également sur la Grande île. Ce qui est hautement surprenant, c’est que Reclus se demande comment les hommes du passé, responsables de ces affouillements répétés, ont pu exécuter ces grands travaux. Il fait observer en effet que pour « l’exécution de ces immenses édifications, il a fallu un déplacement de force et de pouvoir chez l’homme aussi considérables que pour les grands travaux de l’Egypte ». Cependant, alors que les techniques utilisées dans l’île de Pâque et en Egypte pour édifier de multiples statues géantes, ont été identifiées et décrites par nombre de spécialistes, il n’en va pas de même pour celles que l’on rencontre sur le sol de l’hypothétique Lémurie. Ainsi, tous ceux qui ont pu admirer ces sculptures pétrées se demandent, comme Elisée Reclus, par quels « instruments, par quels procédés, par quels moyens de traction, ces géants d’un passé irretrouvable, ont procédé pour arriver à couper des montagnes d’une seule pièce, et les convertir en dômes, en étages, en murs abrupts, bouleversant ainsi toutes les données de la géologie qui pourraient nous permettre de suivre aujourd’hui, la formation de la roche ».
Conforté dans ses premières impressions par la lecture qu’il entreprend des travaux d’Elisée Reclus, Jules Hermann se laisse peu à peu gagner par l’idée que « toutes les grandes tranchées qui marquent obliquement, du sommet de la montagne jusqu’à sa base, ne sont pas des brisures naturelles provenant des convulsions volcaniques de l’ancien continent. Elles ont été volontairement taillées » par des moyens qui nous sont encore inconnus.

Au cours d’un voyage à Maurice, Jules Hermann constate que le relief de l’île porte, comme la Réunion, les stigmates du passage des antiques Lémuriens. Il a en effet déjà observé des sculptures semblables, sur les hauteurs de Saint Denis, sculptures qui ressemblent à un zodiaque gravé autour de la montagne :

« Je voyageais avec mon compatriote Athénas (alias Marius Leblond). Je lui fis observer combien ces sommets sortaient de l’ordinaire et paraissaient façonnés. Il en fut frappé et reconnut avec moi que rien dans la vue de la ligne faîtière des sommets de Bourbon ne donnait l’idée et l’impression d’un arrangement recherché et voulu ».

En observant son île attentivement, quelques quarante ans plus tard, Chazal découvrira à son tour « des gisants, [...] des sphinx esquissés, des initiales clairement entaillées et des hiéroglyphes » profondément incrustés dans la pierre mauricienne.
Ces rêveries « poético-scientifiques », consignées dans Les révélations du Grand Océan, arrivèrent, fortuitement, entre les mains du poète mauricien Robert-Edward Hart, qui les accueillit avec un certain intérêt.
Robert-Edward Hart et le pays de Pierre Flandre

Toujours selon la « légende officielle », Hart aurait été à l’origine de la propagation du mythe lémurien à Maurice et aurait initié Chazal à ses arcanes, en lui montrant les étranges sculptures minérales dont l’île est parsemée. Chazal rapporte la scène dans son autobiographie Sens Unique, en 1974. Son texte met en avant le rôle fondamental joué par Hart dans la constitution de la Lémurie petrusmokienne. « Je suis à Forest-Side, faubourg de Curepipe, confesse-t-il. Après-midi translucide. Madame S m’avait convié. Le poète Robert-Edward Hart est là. Au lointain les montagnes bleutées du centre de l’île se profilent sur le ciel lavande. [il] me raconte une étrange histoire. Jules Hermans, citoyen de l’île de la Réunion, dans son livre « Les mystères du grand océan », dit qu’il a vu les signes du zodiaque comme taillés dans les montagnes de Saint Denis à la Réunion. Il dit aussi qu’il y a des indications que des signes ont été taillés parallèlement de la main de l’homme dans les montagnes de l’île Maurice. […] Je levai la tête, et là, dans les contreforts et dans les formes de la montagne, je vis cette même présentation de « personnages » jaillis on ne sait d’où et qui me regardaient. Après la fleur qui parle et le langage des étoiles, voici la montagne qui parle, nommant un au-delà de la vie, des réalités comme extra-terrestres ».

Après la lecture de l’oeuvre de Jules Hermann, Hart publie une suite de textes de genres différents, regroupés sous le titre de Cycle Pierre Flandre, dans lesquels il prolonge, d’une manière très nette, le mythe lémurien inventé par le Réunionnais. Il retrouve ainsi, à son tour, la trace de ces géants sculpteurs de montagnes, sur le relief de son pays :

« Quand les boutres des premiers pirates arabes vinrent s’ensabler dans nos criques, l’île qu’ils appelèrent Dinarobine, était déserte de toute présence humaine. Mais cela ne signifie pas que l’île n’avait jamais été peuplée.
Jules Hermann, dans ses audacieuses Révélations du Grand Océan, osa soutenir que certaines de nos montagnes Mascareignes, notamment le Pieter-Both, le Corps-de-Garde et la montagne Saint Denis, furent partiellement ouvrées par des sculpteurs de montagnes, issus de la préhistorique race lémurienne.
Quand j’étais enfant, je ne pouvais pressentir ces vastes spéculations para-scientifiques, qui étaient encore sur les genoux des dieux. Mais par expérience directe, je savais que nos montagnes étaient fées, que parmi les passants de nos villes il y avait des fantômes, et que sur nos rivages venait mourir le chant magique des sirènes [...] Dans les hautes herbes du Tranquebar, sur la petite montagne et les autres collines qui font à Port-Louis un diadème royal, j’entendais les Esprits des hauts lieux se chuchoter dans la brise des paroles incompréhensibles pour moi, mais intenses jusqu’à l’anxiété. [...] J’écoutais, je regardais, je respirais, muet de surprise, m’initiant à l’apparition du mystère, et si c’est à vingt ans que je devais écrire mes premières strophes, c’est en pleine enfance que, découvrant le royaume de la poésie, j’écoutais chanter le poème de la rafale sur la montagne ».

Ces sculptures laissées par le peuple lémurien, Hart les détaille dans la Montagne fée et annonce les révélations inspirées de Malcolm de Chazal

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Ananta
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MessageSujet: Re: La Lémurie   La Lémurie EmptyMer 8 Jan 2020 - 18:04

« Debout entre les Plaines-Wilhems et la Rivière Noire, dominant de loin la mer, et dressée vers le ciel couleur de clématite, la voici, ce matin, bleuâtre et verte, modelée comme un visage humain, estompée de nuages vermeils.
Les yeux nuancés de la rue se reflètent amoureusement sur sa robe toujours changeante et belle toujours. Elle est une montagne fée, jaillie tout droit de la plaine, noble de profil, aux incurvations harmonieuses.
A son versant septentrional, une silhouette d’homme est étendue, qui ressemble à un roi gisant mort sur un lit de parade. [...]
Mont d’exaltation et de sérénité alternées ; front de pierre où défilent, avec l’ombre des nuages, tant de pensées éternelles ; autel de géants pour l’offrande aux maîtres invisibles de l’azur, mystérieuse aïeule agenouillée devant le mystère ; vestale, druidesse, vierge solaire tendue vers le soleil...J’essaie avec ferveur de percevoir son rythme, sa musique secrète, son message. Elle a l’air d’être immobile et dormante et morte. Pourtant, elle vit de toutes ses clartés, de toutes ses pénombres. D’ici je crois entendre son appel. O déité protectrice de ma terre et de ma race, inspiratrice qui sait dompter la douleur et discipliner la joie, je t’aime, comme un enseignement de la Nature, comme un divin signe ».

La Lémurie de Hart apporte au mythe hermanien une dimension nouvelle : loin des spéculations scientifiques des géologues, le poète développe ici une poétique de la terre natale tout à fait inédite dans ce contexte littéraire. Son texte témoigne en effet du passage du symbolisme sur son œuvre : l’invisible, le mystère, l’onirisme accentuent plus encore le caractère merveilleux et irréel du continent lémurien.
Le texte précédent s’organise à partir d’un narrateur percevant l’espace en focalisation interne : les éléments constitutifs de cet univers sont ainsi transfigurés sous l’effet de la subjectivité extrême permise par l’utilisation d’un tel point de vue. Le rêve semble ainsi « jeter sur le réel ses ombres gigantesques » : le poète évoque par exemple la voix des « Esprits des hauts lieux se chuchoter dans la brise des paroles incompréhensibles pour [lui] mais intense jusqu’à l’anxiété ». Comme Nerval dans Aurélia, Robert-Edward Hart fait partager à son lecteur l’expérience de « l’épanchement du songe dans la vie réelle ».
Cependant, malgré l’onirisme ambiant, l’espace est structuré d’une manière rigoureuse, par l’utilisation des sens notamment, et en particulier par celle de la vue : en effet, le regard embrasse tout d’abord la Montagne-fée dans son ensemble, par le recours à une sorte de vision panoramique qui donne au relief un aspect extraordinaire : « Debout entre les Plaines-Wilhems et la Rivière Noire, dominant de loin la mer, et dressée vers le ciel couleur de clématite, la voici, ce matin bleuâtre et verte, modelée comme un visage humain, estompée de nuages vermeils ». L’utilisation de la structure présentative « la voici » mise en valeur par le rythme saccadé du texte, par les oppositions verticales « la mer » et « le ciel » et par les verbes « dominer » et « dresser », confère à la montagne une apparence à la fois réaliste et extraordinaire. Réaliste, parce que Hart donne de nombreuses indications géographiques précises ; Extraordinaire, parce que la montagne-fée apparaît au lecteur comme une sorte de ziggourat élevée entre « ciel et mer », comme une tour aux dimensions gigantesques.
Le regard se pose ensuite sur « le versant septentrional » où l’on découvre une humanité indistincte tout d’abord, puis royale. Puis, la gradation se poursuit lentement. Le narrateur distingue mieux à présent la silhouette qu’il avait aperçue de loin : il s’agit d’un corps sans vie. Pour évoquer la mort, le poète utilise le motif de la pétrification qui sera repris par Malcolm de Chazal notamment dans le chapitre de Petrusmok « Tot ou l’histoire d’une pierre ». Mais, le surnaturel fait irruption dans cette description somme toute assez conventionnelle : et, la vie filtre lentement sous le voile mortuaire de pierre déposé sur la montagne. Il est question de « l’ombre des nuages », des « maîtres de l’invisible », d’une « mystérieuse aïeule agenouillée devant le mystère ». Toutes ces évocations surnaturelles donnent à la scène une dimension nouvelle : la silhouette de départ se transforme encore à mesure que le regard du narrateur avance. L’on est ainsi plongé au beau milieu d’une cérémonie mystique qui annonce déjà celles de Petrusmok. Le vocabulaire utilisé par le poète trahit la nature véritable du personnage de pierre qui se dresse là : « autels », « vestale », « offrande », « vierge solaire », « déité protectrice », « divin signe », tous ces termes font référence au domaine du religieux et du sacré, lieux de résolution de nombreuses « illuminations » symbolistes.
L’on est bien loin ici des rêveries pseudo-scientifiques d’un Jules Hermann. Avec Hart, les montagnes de Maurice, derniers vestiges visibles du continent lémurien, acquièrent une dimension nouvelle : elles sont des divinités tutélaires, des dieux païens de la terre natale. Cette poétique de la Lémurie, pétrie de symbolisme, de mystère et de mysticisme, Robert-Edward Hart en est sans doute l’initiateur. Il fut le premier à donner aux montagnes de Maurice un caractère magique et religieux, en se souvenant peut-être que la montagne, dans de nombreuses traditions, est le séjour naturel des divinités.

Ces gisants qui ressemblent à des rois, « étendus morts sur leur lit » de rocaille, d’autres les ont aperçus, ailleurs, sur d’autres montagnes, loin de l’océan Indien. Chazal a entendu leurs voix. Cependant, il ne reconnaît pas explicitement en elles des influences ayant présidé à l’écriture de son mythe lémurien, peut être de peur de dévoiler à la face du monde des fréquentations intellectuelles et religieuses gênantes, pouvant faire ombrage à sa carrière internationale naissante.

En marge de la « légende officielle »
Artaud et les Tarahumaras

Lors d’un voyage au Mexique en 1936 dans le pays des Tarahumaras, une peuplade indienne considérée par certains rêveurs comme les descendants directs des Atlantes, Antonin Artaud assiste à une cérémonie religieuse, la danse du peyotl. Il rapporte cette expérience exotique et mystique dans Les Tarahumaras.
Si j’entreprends ici l’évocation de la mémoire d’Artaud, c’est que j’ai constaté que ses récits de voyages présentaient de nombreuses ressemblances avec la somme de légendes que l’on peut trouver dans Petrusmok. En effet, un certain nombre de détails, cités par Artaud, laissent transparaître des similitudes étonnantes avec les événements décrits par Chazal. Affirmer cependant que les Tarahumaras pourraient être à l’origine de la rédaction de Petrusmok, serait, à n’en pas douter, une entreprise hasardeuse. Il faut bien reconnaître pourtant que les points de contact existant entre les deux ouvrages sont d’une troublante analogie, jusque dans le détail le plus scrupuleux.

Une redécouverte des origines

En premier lieu, Artaud a la possibilité, dans les Tarahumaras, comme Malcolm de Chazal dans Petrusmok, de retrouver les origines de l’humanité et d’assister, en spectateur privilégié, à la féerie du Commencement :

« [...] Les prêtres du peyotl m’ont fait assister au Mythe même du mystère, plonger dans les arcanes mythiques originels, voir la figure des opérations extrêmes par lesquelles L’HOMME PERE, NI HOMME NI FEMME a tout créé ».

Rites des peuples lointains

Ces secrets, Artaud les partage avec Chazal qui, dans Petrusmok, se sent si souvent échapper au temps. En transe, c’est l’île Maurice des origines qu’il retrouve à chaque « voyage », le fameux continent lémurien, aujourd’hui disparu. Comme Artaud, il assiste à plusieurs reprises à des offices religieux primitifs dans lesquels « des femmes-marguerites , dans une danse rythmée, miment les floraisons » devant tout un peuple émerveillé. Car la danse, la musique et d’une manière générale toutes les ressources du corps sont l’essence des rites lointains, du Mexique, ou de l’Océan indien. Et que penser des cérémonies d’initiation sexuelle qui, chez les Tarahumaras et les Lémuriens symbolisent la recherche de « l’Unité par la perception de l’Infini » :

« Une cérémonie d’église aura lieu, où la femme sera donnée en épouse à Dieu avant que le mari futur lui ravisse son corps. [...] Et un geste orangé fut dans l’air, qui me parut à distance le symbole même de l’Esprit et du Cœur unifiés. [...] Tout est Un et l’amour divin, l’amour charnel, l’amour de la connaissance et l’amour de la nature, ne font qu’une seule image, un seul lieu. Ce lieu est la joie. Cette image est volupté ».

Intertextualité

Une même quête de l’Unité, une même fascination pour la transe utilisée comme moyen suprême de connaissance des origines, animent Artaud et Chazal dans leurs ouvrages respectifs. Et c’est avec la même tonalité, le même accent poétique, qu’ils relatent leurs fantastiques visions :

« A un moment, quelque chose comme un vent se leva et les espaces reculèrent. [...] Et au fond de ce vide apparut la forme d’une racine échouée, une sorte de J qui aurait eu à son sommet trois branches surmontées d’un E triste et brillant comme un oeil ».

« Une pointe verdoyante, comme une émeraude, est enchâssée dans le bleu des tropiques, que l’éclat change par moments en diamant, et le cercle argenté de l’horizon revient à cette pierre, et la Bague Eternelle est dans le Doigt des Grandes Eaux ».

L’Homme dans la pierre

Mais il y a plus étonnant encore. Artaud, en se promenant au cœur du pays Tarahumara, découvre une géographie extraordinaire : il aperçoit avec stupéfaction « un gisant nu qu’on torture, [...] cloué sur une pierre, [...] une poitrine de femme avec deux seins parfaitement dessinés, [...] une tête d’animal portant dans sa gueule son effigie qu’il dévore, [...] une sorte de dent phallique énorme » qui n’est pas sans rappeler les lingams de pierre chazaliens. Artaud est bien forcé de se rendre à l’évidence, comme Hart à la même époque et Chazal quelques années plus tard, que le pays des Tarahumaras fourmille de « formes esquissées, d’initiales clairement entaillées, d’hiéroglyphes et de signes » qui ne semblent « point nés du hasard, comme si les dieux [...] avaient voulu signifier leurs pouvoirs dans ces étranges signatures où c’est la figure de l’homme qui est de toute part pourchassée » . Chazal fait le même constat lorsqu’il rentre de promenade à travers l’île Maurice. Il a le sentiment que les montagnes, de la manière dont elles ont été taillées, « parlent de l’homme et de l’univers réunis » . Et si les endroits sur terre ne manquent pas de lieux où la nature « mue par une sorte de caprice intelligent, a sculpté des formes humaines » , il est étrange de constater que ceux qui les traversent, « comme frappés d’une paralysie consciente, ferment leurs sens afin de tout ignorer » : comment expliquer que seuls, Hermann, Hart, Artaud, Chazal et quelques autres, se soient aperçus de l’existence de ces fresques minérales, sur les montagnes du monde entier ?
Par ailleurs, que ce soit chez les Tarahumaras ou chez les Lémuriens, il est aisé, en observant attentivement, de lire comme dans un livre ouvert, une histoire de genèse et de chaos, pleine de « corps de dieux, qui [sont] taillés comme des hommes, et de statues humaines tronçonnées » . Plus que l’étonnante apparence des montagnes, c’est la répétition de ces corps taillés qui conduit Artaud et Chazal à penser que toutes ces sculptures minérales ne sont pas naturelles. Elles paraissent en effet obéir à une symbolique mathématique, en se répétant plusieurs fois çà et là, dans leur dissémination géographique. Les formes semblent donner un nombre bien précis : ici, le trois et le quatre, là, le sept et le huit. Ces nombres, étrangement, les Tarahumaras et les Lémuriens les répètent dans leurs rites et dans leurs danses. Aux détours des chemins, Artaud raconte par ailleurs, que l’on peut voir « des arbres brûlés volontairement en forme de croix ou en forme d’êtres » qui souvent sont doubles comme ceux que l’on rencontre sur les versants maudits du Pieter-Both, à l’île Maurice.
Ces signes, profondément incrustés dans la pierre mexicaine et lémurienne, des sectes en ont fait par la suite leurs symboles, si bien que l’on peut être tenté de croire, comme le poète français, que ce « symbolisme dissimule une science ». Il paraît ainsi étrange que le peuple primitif des Tarahumaras ait pu avoir connaissance de cette science occulte, bien avant la naissance de la secte des Rose-Croix, remarque Artaud avec étonnement. La Rose-Croix, voilà semble-t-il, le chaînon manquant, permettant de relier le médium français au visionnaire mauricien, descendant d’un illustre frère initié aux doctrines rosicruciennes…
La Lémurie et l’occultisme

C’est au confluent de la poésie et de l’occultisme que l’on peut trouver semble-t-il, une explication à la fascination exercée par la Lémurie chez Malcolm de Chazal, même si certains, à l’image de Laurent Beaufils, peuvent en douter. Jusqu’à présent, l’on s’en était tenu aux confidences de l’auteur, et il faut bien reconnaître que la version qu’il donne de la genèse de Petrusmok dans Sens Unique était plus que satisfaisante. Cependant, en grand mystificateur, Chazal ne saurait manquer une occasion de dissimuler ce qui le préoccupe depuis bien longtemps. Immergé très tôt dans le mysticisme farouche de la secte swedenborgienne de la « Nouvelle Jérusalem », il s’est sans doute aperçu, lorsque Hart lui a fait part de sa lecture des Révélations du Grand Océan, que la Lémurie faisait partie intégrante de la somme de croyances, bien surannées aujourd’hui, que les Rose-Croix s’évertuent encore à conserver jalousement pour leur seuls initiés. (Nous savons que Malcolm avait décidé de mener une enquête sur François de Chazal, laquelle l’aurait conduit à consulter les « Annales de la franc-maçonnerie anglaise »). Les références incessantes à la secte, plus ou moins ouvertes, et la présence bienveillante du « Frère » François de Chazal de la Genesté tout au long de Petrusmok, accréditent la thèse de la filiation directe de la Lémurie chazalienne avec la Lémurie rosicrucienne.

Continents engloutis et ésotérisme

Le mythe des continents engloutis exerce en effet, encore de nos jours, une fascination extrême sur de nombreux groupes occultistes. A l’origine de ces croyances, l’on trouve le Critias et le Timée de Platon, ouvrages dans lesquels le philosophe présente les Atlantes comme un peuple de magiciens aux pouvoirs étendus. Ces êtres merveilleux auraient disparu, emportés dans les flots de l’océan, en même temps que leur continent mythique, lors d’une catastrophe sismique qui n’est pas sans rappeler celle qui submergea jadis le croissant lémurien. Cette légende du royaume des Atlantes resurgit périodiquement dans la littérature. J’ai déjà eu l’occasion d’évoquer précédemment Hermann, Hart et Artaud, qui considérait notamment que les Tarahumaras étaient les descendants directs des Atlantes . D’autres écrivains se sont penchés eux aussi sur le mythe du continent englouti. On pourrait citer à titre d’exemples la description de la Lémurie que donne l’infatigable voyageur Blaise Cendrars dans Le lotissement du ciel ou encore celle du poète Wilfrid Lucas dans son roman La route de lumière, publié en 1927. Mais le domaine littéraire n’est pas le seul à prêter l’oreille à la légende.
Se fondant abusivement sur les travaux très sérieux des géologues du dix-neuvième siècle, plusieurs occultistes célèbres, comme Blavatsky, Steiner et Heindel, se sont tour à tour emparés du mythe du continent lémurien pour s’en servir à élaborer des « hypothèses de travail ». Madame Blavatsky par exemple, reconstitua dans le détail, l’histoire de la civilisation lémurienne dans un ouvrage imposant, La doctrine secrète, qui regroupe en outre, une somme de croyances et de connaissances empruntées à plusieurs traditions religieuses comme le Tantrisme, le Bouddhisme, la Kabbale et la Gnose. A sa mort, son plus fidèle disciple, Walter Scott-Elliot, donna une forme plus aboutie au foisonnement laissé par Blavatsky : Il tenta en effet, de constituer un savant mélange entre les travaux de Darwin et les enseignements de la sagesse cosmique tibétaine, transfigurés par les interprétations de son maître à penser . Il publia ensuite le résultat de cet étonnant syncrétisme dans une brochure, The lost Lémuria, en 1904.

Scott-Elliot, mais aussi le pseudo-Rose-Croix Wishar Cervé, imaginèrent que la Lémurie s’étendait ailleurs, loin des rivages africains, au cœur du Pacifique, un océan demeuré longtemps mystérieux en raison de son étendue et de ses profondeurs abyssales. Selon Wishar Cervé, des vestiges du continent lémurien seraient visibles en Amérique du nord et plus particulièrement dans la vallée de l’Ohio, sur les pentes du mont Shasta.


L’origine de telles assertions, soigneusement occultée par le rose-croix, est un article publié dans le Los Angeles Star du 22 mai 1932 à la rubrique des faits divers. Son auteur, le journaliste Edward Lanser, attiré par des feux mystérieux sur les hauteurs de Shasta, avait entendu dire que de drôles de légendes circulaient dans la région. D’aucuns en effet prétendaient, que l’on voyait parfois, des personnages à l’étrange physionomie « sortir des forêts et des épais bouquets d’arbres [...] » qui s’enfuyaient en courant pour se cacher quand ils étaient découverts. Parfois même, un de ces êtres descendait jusqu’aux villages alentour pour y échanger du soufre, du sel ou du saindoux contre des pépites d’or provenant sans doute des mines fabuleuses de la montagne. En outre, les gens du pays suspectaient ces hommes d’être responsables des feux que l’on pouvait apercevoir sur la montagne, ces mêmes embrasements nocturnes qui attirèrent l’attention du jeune journaliste en mal de scoop. L’article du Los Angeles Star affirme par ailleurs, qu’un homme a pu observer les mœurs de cette peuplade étrange. Il s’agit d’Edgar Lucin Larkin, un vieil occultiste bien connu, directeur de l’observatoire du mont Lowe, en Californie. Il prétend avoir assisté à leurs rituels séculaires depuis les hauteurs de son poste d'observation, un jour qu’il voulut faire des réglages sur un nouvel appareil. Non seulement, il put décrire leurs temples avec précision, mais il put aussi mettre un nom sur les hommes du mont Shasta : il s’agissait des rescapés du peuple lémurien.
Larkin fut, comme il se doit, l’unique témoin oculaire de cette sombre histoire car ces êtres merveilleux possédaient « le pouvoir magique des maîtres tibétains, qui leur permettait de se fondre à volonté dans l’environnement et de disparaître »...

L’ordre rosicrucien A. M. O. R. C, auquel Cervé appartient, n’est pas le seul à se préoccuper de la question lémurienne. L’association rosicrucienne de Max Heindel (concurrente de l’AMORC), propose en effet tout un enseignement ésotérique ahurissant dans lequel la Lémurie tient une place importante. En effet, selon la doctrine Rose-Croix heindélienne qui se fonde, dénonçons le ici, sur des théories scientifiques largement périmées aujourd’hui , notre planète aurait connu plusieurs étapes distinctes durant lesquelles elle se serait constituée lentement. Dès lors, l’on peut dénombrer cinq périodes d’évolution terrestre : l’époque lémurienne, placée en troisième position dans cette étonnante hiérarchie, vient tout de suite après les époques Polaire et Hyperboréenne et se place juste avant les époques Atlantéenne et Aryenne.
Toujours selon Heindel, le continent lémurien aurait émergé à la fin de l’ère primaire à l’emplacement actuel de l’Océan indien. Il reprend ainsi les spéculations les plus répandues aux XIXème siècle concernant la localisation géographique du continent englouti.
Si l’on en croit son ouvrage Cosmogonie des Rose-Croix, les Lémuriens étaient des poètes et des « magiciens de naissance » vivant dans un état psychologique proche de celui du rêve. Leurs têtes, de forme allongée et ovoïdale, supportées par des corps de géants, rappellent étrangement l’aspect du peuple Rouge que nous décrit Chazal dans Petrusmok :

« De près, c’étaient [les Lémuriens] des géants puissants et beaux. [...] La maxillaire était ouverte, mais le front était si haut, que le visage avait forme d’olive. [...] Point de joues chez ces gens, mais une fusion des chairs dans le grand tout de la face. [...] La poésie était la respiration de ce peuple dont le parler était tout en image, métaphores constantes, et dont le plus petit geste était un symbole ».

De toute évidence, le poète s’amuse dans ces lignes. Et, l’on peut même se demander s’il n’a pas eu connaissance de la description pseudo-scientifique grotesque que donne Max Heindel du peuple lémurien, tant la ressemblance est étonnante.

« A sa naissance, il [le Lémurien] avait le sens de l’ouïe et du toucher. La faculté de percevoir la lumière ne lui vint que plus tard. […] Le Lémurien n’avait pas d’yeux. Il avait deux points sensibles qui étaient affectés par la lumière du soleil, alors qu’elle brillait faiblement à travers l’atmosphère ardente de l’antique Lémurie, et ce n’est que vers la fin de l’époque atlantéenne qu’il a développé la faculté de voir, telle que nous l’avons aujourd’hui. […] Son langage consistait en sons semblables à ceux de la Nature. La plainte du vent dans les immenses forêts qui croissaient d’une façon extrêmement luxuriante dans ce climat hypertropical, le murmure du ruisseau, les hurlement de la tempête, car la Lémurie était battue par les tempêtes, le tonnerre des cataractes, les grondements du volcan étaient pour lui comme des voix des Dieux dont il se savait le descendant. Il ignorait tout de la naissance de son corps. Il ne pouvait le voir, mais il percevait la présence de ses semblables – perception tout intérieure à la manière de celle que nous avons en rêve quand nous voyons des personnes et des choses, mais avec cette différence très importante : la perception qu’avait le Lémurien était claire et logique »…

Mais, rien n’est certain car Malcolm de Chazal donne des détails physiques qui n’apparaissent pas dans les délires rosicruciens. Ce qui est sûr, c’est que Chazal prend délibérément dans Petrusmok le contre-pied des canons esthétiques habituels, en faisant preuve d’un certain humour. Dans le chapitre « Leur apparence », le poète considère en effet que les Lémuriens sont doués d’une grande harmonie physique : selon lui, ils avaient « le visage allongé comme une olive, les yeux idéalement rapprochés, les lèvres évasées, le nez fort, les sourcils en forme de feuille, le crâne éventré [lorsqu’ils sont de dos] »…

L’enseignement fantasque des Rose-Croix, et les révélations de Chazal au sujet de la Lémurie, comportent donc de nombreux points de contact étonnants. C’est pourquoi, la piste rosicrucienne m’apparaît comme étant essentielle à la compréhension du mythe petrusmokien. Il me semble en effet que l’auteur ait voulu créer une sorte de Bible ésotérique, accessible aux seuls initiés possédant les clefs des symboles rosicruciens. Omniprésente dans Petrusmok, l’ombre de la Rose-Croix flotte comme un voile opaque sur l’écriture et la recouvre parfois d’un hermétisme peu enclin à livrer ses secrets. Petrusmok ressemble en effet à un manifeste Rose-Croix qui n’apparaît jamais comme tel. L’auteur, feignant de respecter les règles lui interdisant notamment de clamer au monde son appartenance à la confrérie, tente d’égarer son lecteur en lui laissant croire qu’il appartient bien à l’ordre rosicrucien. (Il n’y a jamais appartenu) Disséminés dans toute l’oeuvre, les indices ne manquent pas pour que le lecteur « initié » ou bien documenté puisse reconnaître sans ambiguïté le verbe rosicrucien et en entreprendre une lecture à deux niveaux. Simple mystificateur ou Rose-Croix patenté, Chazal fascine, déconcerte et cherche à perdre son lecteur dans le dédale de sa pensée nimbée d’occultisme :

« Sur cette Rose-Croix je m’incline. Sur cette Rose-Croix est la vérité, pierre mêlée à la lumière. Car son clou d’unité donne toute la vie. [...] Seuls les purs entreront. Aux initiés seuls sera livré le mystère... »
En dépit des apparences, Malcolm de Chazal n’a jamais été Rose-Croix. L’on peut sans doute s’accorder avec Laurent Beaufils et surtout avec Jean-Louis Joubert à ce sujet et considérer que le poète « réussit un paradoxe : être un occultiste sans tradition, un initié autodidacte ». : Chazal a dû éprouver un engouement considérable pour la Rose-Croix après la publication de l’article d’Aimé Patri et surtout après les révélations que lui avait faites René Guénon. C’est pourquoi, Petrusmok et les ouvrages des années 1950 portent l’écho d’une grande dramatisation mystique. Rose-Croix, il l’a sans doute été, de « cœur » seulement, pendant quelque temps. Puis, le thème devenant pour lui conventionnel, la symbolique disparaîtra peu à peu comme elle était venue, silencieusement. Cependant, il me semble que les ressorts de l’occultisme ont été pour lui fondamentaux dans l’élaboration de sa poétique personnelle. Aussi, est-il sans doute exagéré de considérer comme Laurent Beaufils que Chazal ne doit rien à personne, comme il le prétend lui-même dans de nombreux ouvrages : « La Rose-Croix, écrit Beaufils, la théosophie et, de manière générale, les ressources de l’ésotérisme ont été à maintes reprises appelées à la rescousse lorsqu’il a fallu trouver quelques repères auxquels harnacher le message de Sens-plastique II. Mais cette locomotive furieuse n’a rien du wagon suiveur ». Mais, si avec Sens-plastique le doute peut être permis (ce dont je doute), avec Petrusmok et les textes qui lui sont postérieurs, les choses deviennent claires : Petrusmok est dépendant de l’ésotérisme, de l’ésotérisme chrétien en particulier, dépendant au point de procéder de sa propre poétique : il est la clef permettant de comprendre les obscurités du texte et la configuration des symboles qui s’y développent. Sans son secours, la polyphonie textuelle s’éteint, c’est la voix même de Chazal qui est entravée, c’est l’esprit de son œuvre qui est dévoyé.


suite du livre à cette adresse

La Lémurie, un mythe littéraire de l’Océan indien Par Christophe CHABBERT

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MessageSujet: Re: La Lémurie   La Lémurie EmptyMer 8 Jan 2020 - 18:05

Réécriture chazalienne du mythe lémurien : perspectives d’ensemble

Peu après que Hart eut évoqué en sa présence l’existence passée de la Lémurie et s’apercevant sans doute qu’elle correspondait à une préoccupation ésotérique dont son aïeul François de Chazal eût pu avoir connaissance, Malcolm, « en marchant sur la voie ferrée qui relie Port-Louis au faubourg de la plaine de Lauzun » , voit à son tour, des personnages légendaires, dans le relief montueux de son île. Charmé par l’hypothèse d’Hermann, il semble dès lors convaincu, que les montagnes de Maurice ont été taillées par un peuple de géants, habitant le croissant lémurien :

« Quand le voyageur arrive par mer et qu’il voit se profiler le visage de l’île, ce qui l’attire tout d’abord c’est la forme des montagnes.
Comme ciselées par la main des dieux, les montagnes de Maurice, vues de près, présentent des « personnages » : tout un monde allégorique et mythique. Les montagnes de Maurice parlent.
Voici le POUCE tendant son doigt de pierre vers les cieux. A la montagne du GARDE se présente un personnage allongé qui remonte et retombe sur sa couche de pierre lorsque le voyageur en auto contourne le mont et voit s’animer le tout.
[...] D’autres mythes éblouissants se succèdent dans le Sud et on peut parler d’une Olympe de pierre ».

Chazal aime à laisser croire qu’il est convaincu que les auteurs de ces gigantesques sculptures minérales sont des Rouges , des poètes et des sages « nés pour la terre mais destinés aux cieux ». Cette légende des Rouges sculpteurs de montagnes fascine Chazal, au point qu’il entreprend, pour sans doute se persuader lui même, une exploration méthodique de son île qui durera quelque cinq mois, de juillet à décembre 1950.

Investigations, rêveries, visions

Le résultat de ses investigations est contenu dans Petrusmok, un « roman mythique » où il retrouve les origines lémuriennes de l’île, puis où il élabore tout un système visant à élucider le mythe de la Chute, à partir de personnages sculptés dans la pierre des montagnes de Maurice.
Dans la première partie, il utilise une technique hallucinatoire très proche de l’illumination swedenborgienne, lui permettant d’avoir accès aux arcanes du monde lémurien. Ainsi, procède-t-il toujours d’une manière identique lors de ses voyages extatiques : il se trouve dans une localité précise. Soudain, quelque chose attire son attention. Une transe alors le terrasse et il se transporte « en esprit » vers d’autres contrées mauriciennes en franchissant le mur des siècles. Là, il contemple en spectateur privilégié la vie quotidienne du peuple rouge, faite de rituels mystiques visant à la célébration du Grand Tout. Lorsqu’il revient à la réalité, il interprète ce qu’il a vu grâce à la technique des Correspondances, « puisque tout sur terre correspond, [...] et tout se reflète, et [qu’] une essence donne toutes les autres essences ».
Dans la seconde partie, ses méthodes d’investigations sont quelque peu différentes. Il a en effet moins recours à la transe car il lui préfère une autre technique, « la divination des montagnes », inspirée de la « Nauscopie » du Capitaine Bottineau, qui, au dix-huitième siècle, pratiquait l’art de la vision marine. C’est au cours de longues promenades sur les hauteurs de l’île, seul ou accompagné, qu’il tente de lire le grand livre minéral qui s’offre aux yeux de tous, pour percer le secret des grandes civilisations humaines disparues. Car selon Chazal, « tout est inscrit dans les montagnes, [...] et qui [les] lirait assez lucidement connaîtrait l’avenir ». En effet, « la lecture des montagnes [allait faire] tomber les dernières écailles des yeux des arcanes, [...] le roc [étant] prophète de ce qui est, de ce qui était, de ce qui sera, au sein des ambiances ».

Le mythe de la Chute

Dans cette seconde partie, l’objet de sa quête change. Il part à la recherche du mystère du mythe de la Chute dont les montagnes de l’île sont couvertes de représentations. Cette recherche le conduira à approfondir sa connaissance du monde lémurien tombé. Chazal raconte ainsi comment, au cours de ses pérégrinations, il a pu élucider le mystère des personnages mythiques, symboles du Mal sous toutes ses formes, se dressant sur les parois infernales du Pieter-Both.

Rêveries pseudo-scientifiques

Il trouve par ailleurs, une réponse fort curieuse aux interrogations d’Elisée Reclus concernant la capacité des Lémuriens à découper les montagnes, avec les faibles moyens dont ils disposaient à leur époque. Selon lui, la Terre aurait eu un satellite naturel supplémentaire, en plus de celui que nous connaissons aujourd’hui, il y a plusieurs milliers d’années. Les effets de cet astre sur notre planète seraient à l’origine de l’apparence et de la formidable force physique des géants lémuriens:

« Lorsqu’une des deux lunes se trouva rapprochée de la Terre, la gravitation terrestre ayant baissé du fait de ce rapprochement, le poids des choses n’était qu’une fraction de ce qu’il est aujourd’hui.
Du fait de cet allègement gravitatoire, les arbres étaient alors immenses. Les animaux de même. Et les hommes étaient des géants.
Ceci nous ramène à la légende biblique des géants et à celle des hommes cyclopéens légendaires.
Le poids des choses, au temps de la double lune, étant considérablement réduit par le fait du double appel lunaire, cela explique encore comment certaines sections des montagnes de l’île Maurice auraient pu avoir été taillées par la main de l’homme protohistorique qui ne pesait qu’une fraction de son poids actuel ».

Après la parution de Petrusmok, Chazal reçut quelques réactions de lecteurs qui lui firent part de leurs observations : Denis Saurat, fit un rapprochement « entre les mythes pétrés révélés par les montagnes de l’île Maurice et les grands mythes de l’ancienne Egypte, tels qu’ils sont contenus dans les temples de la vallée du Nil ». Daniel Ruzio affirma quant à lui dans une lettre, que « des personnages taillés, mais comme détachés des montagnes » étaient visibles dans les Andes. Cet archéologue a attiré par ailleurs l’attention, sur l’existence de rochers, « en des points aussi éloignés les uns des autres que l’Amérique Australe et Centrale, l’Egypte, l’Angleterre et le bassin parisien, parfois de taille colossale, manifestement sculptés ou retouchés par des civilisations de la protohistoire et témoignant de la part de celles-ci de préoccupations et de connaissances fondamentalement symboliques et religieuses ».

Ces préoccupations planétaires pour un continent mythique disparu, dont les montagnes auraient été taillées par des géants, permettent d’affirmer sans réserve, que la Lémurie est bien un mythe, auquel un grand nombre de personnes est attaché, quelles que soient les raisons qu’elles invoquent. Ainsi, la remise en cause du caractère mythique de la Lémurie, présentée parfois comme un épiphénomène seulement connu de l’élite intellectuelle de l’Océan Indien, me semble aujourd’hui pour le moins contestable.

Géologie et Lémurie

Quant aux recherches géologiques menées au dix-neuvième siècle par d’éminents chercheurs, il serait maladroit de les mettre sur le même plan que les affabulations des occultistes, même si de nouvelles découvertes ont amené à corriger telle ou telle de leurs conclusions. Dans les années 1940 en effet, l’on enseignait à l’université les modalités de l’évolution géologique et morphologique de la Terre, en se fondant sur les travaux de Wegener mais aussi sur ceux des précurseurs que furent Slater et Haecke. « Le continent lémurien, explique en effet René Agnel , n’est pas un mythe pour les géographes qui reconnaissent en Slater, Haeckel et les autres, des savants authentiques et dignes de foi. Le caractère mythique de la Lémurie est à chercher ailleurs, dans les assertions fantasques des anthroposophes qui se fient avant tout à leur imagination débordante. Au sujet de la Lémurie, ce qui est fantasque, ce n’est pas la conviction qu’a existé au Permien et pendant une période postérieure, une étendue continentale que les géologues désignent plutôt par l’appellation de Gondwana. Ce qui est fantasque, ce n’est pas le morcellement (par fractures, effondrements et transgressions marines) et la dérive de cette masse disloquée emportée vers le Nord au long de millions d’années, par le mouvement des plaques de l’écorce terrestre qui supportent tous les bâtis continentaux. Ce qui est fantasque, ce sont les spéculations que les anthroposophes, les rosicruciens et Malcolm de Chazal ont échafaudé sur les observations des géologues car ils ont voulu mettre en rapport la réalité scientifique avec les fantasmes de leur imagination. Si l’on cherche en effet dans un Atlas, une carte d’ensemble des continents du globe mettant en évidence soit les principaux reliefs, soit la composition géologique, l’on peut y suivre de façon ininterrompue, la succession des grandes chaînes de montagnes qui prennent notre globe en écharpe : l’Atlas nord africain (séparé par une cassure) puis les Alpes, les Carpates, les monts du nord de la Grèce et de la Serbie, la Turquie, le Caucase, le nord de l’Iran, les Himalayas, les îles de la Sonde et la Nouvelle Guinée. L’on peut également observer comment se disposent l’Afrique du Nord, le nord de la péninsule arabique, le nord de la péninsule indienne et le nord du bouclier australien. Toute la longue bande de ces montagnes se trouve dans une zone qui s’est trouvée coincée entre les plaques et les masses en dérive du Sud vers le Nord, et les môles de résistance de continents déjà stabilisés : continent nord-atlantique et bouclier scandinave, plate-forme russe, bâtis sibérien et tibétain. La zone où sont aujourd’hui les grandes chaînes était occupée à l’origine par une succession de fosses marines où se sont entassés des alluvions et des sédiments multiples, jusqu’à ce que, sous la pression de la dérive venue du Sud, cet empilement de dépôts et de couches se trouve contraint par un rétrécissement continu à émerger et à se soulever. Il n’y a pas d’autre explication possible à la surrection de cette interminable chaîne montagneuse ».
Ainsi, même si les découvertes géophysiques concernant la dérive des continents corrigent quelque peu les hypothèses émises par les géologues du dix-neuvième siècle, elles ne les rendent pas entièrement caduques. En revanche, les occultistes qui défendent la thèse de l’existence de continents engloutis et qui échafaudent des théories extravagantes, n’utilisent que des arguments irrecevables : enseignements à caractère secret ou révélations opportunes invérifiables sont malheureusement le dénominateur commun de toutes leurs assertions. Chazal en a sans doute bien conscience. Cependant, il exploite la légende en oscillant entre le sérieux et la plaisanterie grossière. Certes, on peut penser qu’il s’accommode de la Rose-Croix, sans trop y croire, puisque François de Chazal est toujours décrit comme un être supérieur et bon. Malcolm par ailleurs, respecte infiniment Robert-Edward Hart et ne se serait pas autorisé à tourner son enseignement au ridicule. Ces constatations ne doivent pas nous faire oublier que l’on ne peut pas attester avec certitude l’authenticité de ses visions qu’il rehausse bien souvent de la parure de son verbe surréaliste étincelant, en procédant à une poétisation extrême du paysage :

« L’abeille semble plus belle ici qu’ailleurs, car elle tisse le silence de ses ailerons de soie. Et l’odeur de la terre sent la framboise mûre, et les plis du ruisseau tout contre sont des chrysalides de chair dans notre œil ».

Finalement, qu’il soit convaincu ou non par ce qu’il affirme n’est pas très important. L’essentiel réside dans la qualité littéraire de l’œuvre où le cosmos est magnifié. Maurice, cette terre perdue au milieu de l’océan, devient le laboratoire où s’élabore lentement la cosmogonie chazalienne. La Lémurie fournit à Chazal le prétexte lui permettant de longs développements poétiques, dans lesquels se mêlent les tempêtes, le vent, l’eau et le feu, en un fantastique tourbillon évanescent. La poésie, telle est sans doute la clef de Petrusmok, une poésie rebelle, ésotérique et mythique dont seuls les initiés pourront percer les arcanes.
Le monde chazalien de Petrusmok est avant tout un univers allégorique. L’auteur procède en effet par symboles, sans doute plus que dans ses autres textes, car il avait probablement l’ambition de rédiger un « roman mythique » aux influences théologiques et philosophiques variées. Ce monde mythologique emprunte des références multiples à la Bible mais aussi à la théosophie et à l’occultisme. Petrusmok se situe en effet au confluent de deux époques, à un moment où Chazal avait découvert fortuitement qu’un de ses ancêtres était célèbre dans le milieu de la Rose-Croix. Le lecteur ne sera donc pas étonné de rencontrer de nombreuses références à la mystique rosicrucienne ou aux doctrines chrétiennes hétérodoxes. Toutes ces influences aident vraisemblablement Chazal à créer un univers nouveau : Petrusmok rend compte d’une géographie mauricienne nouvelle, une géographie se fondant non pas sur la science mais sur le symbole et la croyance. Tout y est vivant : les plantes, les montagnes et les hommes semblent animés du même souffle, malgré l’épisode tragique du Commencement.

La Lémurie et ses montagnes

La Lémurie chazalienne est étroitement associée à la symbolique de la pierre. Chazal emprunte ici des références très nettes à la Bible qui a toujours considéré la pierre comme une matière sacrée. Il est sans doute intéressant de noter que Jules Hermann n’était pas non plus étranger à cette symbolique judéo-chrétienne et l’aspect sacré des montagnes est bien présent dans ses Révélations du Grand Océan.


Montagnes sacrées

« Toute pierre de forme ou de dimensions peu communes a toujours suscité [chez l’homme] le pressentiment de la puissance, explique Van der Leeuw dans son ouvrage La religion dans son essence et dans ses manifestations. Jacob, la tête « protégée » par une pierre sur laquelle il s’endort, fait un rêve merveilleux ; il constate dès lors –tout empiriquement - : « combien ce lieu est saint ! c’est ici bel et bien, la maison de Dieu, c’est ici la porte du ciel » Il prend la pierre, il la dresse et il y fait une onction d’huile. Il s’agit là assurément d’un récit étiologique ; on veut expliquer pourquoi telle pierre remarquable était l’objet d’un culte ; mais l’épisode ne reste pas moins caractéristique de la manière suivant laquelle on réagissait mentalement en présence de certaines pierres ». Ce comportement se retrouve dans ceux de Malcolm de Chazal : Petrusmok est un ouvrage rempli de descriptions de rituels ou de pratiques religieuses liés à la pierre, souvent érigée en totem plus ou moins païen. L’on peut se souvenir par exemple de l’épisode pendant lequel Chazal reçoit l’enseignement du « sage du septième ciel ». Selon ce personnage, le Piton du milieu, comme beaucoup d’autres obélisques naturels, est une représentation de la puissance virile, un symbole d’unité. Plus loin, Chazal stigmatise au contraire l’influence maléfique d’une autre aiguille rocheuse, « la tour de Babel ». Ce pic est considéré par le poète comme un symbole de division, corrupteur de « la langue commune ». Cette « tour de Babel » se révèle pour Chazal être une « fausse clé allant à toutes les portes, [un] moyen de piller la pensée d’autrui et de faire un assaut dans les âmes ».
« Des montagnes saintes, poursuit Van der Leeuw, il s’en trouve partout en ce monde, soit qu’on leur attribue simplement la potentialité, soit qu’on donne à cette puissance la forme d’un démon ou d’un dieu. Les montagnes éloignées, inaccessibles, souvent volcaniques [comme les montagnes de l’île Maurice], étranges ou sinistres, toujours majestueuses, sortent de l’ordinaire et, dès lors portent en elles la puissance du « tout autre ». Le Japon a son volcan sacré, le Fuji, que les pèlerins escaladent en groupes, à titre d’exercice religieux, sous la conduite de guides spirituels ; là se trouve le centre spirituel de la création. La Grèce a l’Olympe (mot hellénique qui signifie « montagne » […]. La Chine a son T’ai Shan, dans l’Est du pays ». L’île Maurice, qui subit l’influence de nombreuses traditions, n’a pas de mythologie propre. C’est probablement pour pallier ce manque que Malcolm de Chazal a eu l’idée d’écrire une sorte de geste de son île. Et, comme les autres peuples de la Terre, il se tourne en premier lieu, d’une manière naturelle, est-on tenté d’écrire, vers les édifices montagneux qui parsèment Maurice, sans doute pour conférer à l’île la dimension de séjour apprécié des divinités. Il reprend ainsi un schéma bien connu des anciens, en renouant avec l’aspect mythique et sacré des montagnes. L’on peut percevoir sans doute ici une nouvelle manifestation des ses influences bibliques. « Les expressions « montagnes saintes » ou « montagnes de Dieu » se retrouvent en effet plus de trente fois dans l’Ancien Testament » et sans doute autant de fois dans toute l’œuvre de Chazal. Ces occurrences attestent la grande place que les sommets tenaient dans la religion d’Israël et, par emprunt, dans la symbolique chazalienne. En cela, les Hébreux ressemblaient à leurs peuples voisins chez lesquels les sommets des montagnes étaient considérés comme des « lieux où les divinités se révélaient volontiers. [La voûte du ciel] reposait sur elles comme sur des colonnes naturelles » et pour s’en rapprocher, il fallait monter le plus haut possible. D’où les constructions de montagnes artificielles colossales qui furent édifiées par les Chaldéens ou les Egyptiens. « Les ziggourats d’Our portaient d’ailleurs le nom de « montagnes de Dieu » . Chazal semble animé de ce même élan qui poussait les hommes autrefois à considérer les montagnes de la terre comme de véritables divinités :

« Le message panthéistique de la Pierre joue ici, au sein du message chrétien, un rôle de décor de fond à la confirmation du Christ, faisant voir que le Christ était Révélation depuis le Commencement des Mondes, puisque la pierre le reflète et l’exemplifie ».

De même, le Pouce en particulier, rappelle toutes ces montagnes saintes que l’on peut rencontrer dans la Bible à de nombreuses reprises : le Sinaï, l’Horeb ou le Carmel. Toutes ces cimes ont souvent été considérées comme des résidences de Dieu et même chez Chazal comme dans les traditions des peuples voisins d’Israël, Dieu lui-même. C’est là la grande différence qui existe entre la montagne chazalienne et la montagne biblique. Pour les Hébreux, ce n’est pas la montagne qui est puissante, ce n’est pas la montagne qui est Dieu, mais c’est Dieu qui est la force à quoi et à qui rien ne résiste, d’où tout procède et dont tout dépend. Collines, montagnes et rochers sont à la merci de YHWH : il les ébranle, il les fait trembler, il les fait chanceler par le seul son de sa voix.

Dieu, le rocher

Les différents auteurs de la Bible associent volontiers Dieu au rocher en employant parfois des expressions qu’il faut manier avec précaution : en aucun de ses textes la Bible ne laisse entendre que le « rocher est Dieu » comme n’hésite pas à le faire Malcolm de Chazal dans Petrusmok : « Le mont seul est divin », Par contre, les textes disent « Dieu est le rocher », c’est-à-dire un appui, le fondement de la foi des hommes :

« Et nulle plus qu’elle ne vit [la roche] pourtant, parce qu’elle touche aux premiers principes et elle est le dernier du vivant, sur quoi tout se base, et sur quoi tout s’appuie, sans elle ce serait le vide et le néant »

De même, tout ce qu’il exprime et tout ce qui vient de lui possède la solidité de la pierre. C’est sans doute à la lumière de cette affirmation qui lie d’une manière un peu étrange le roc et Dieu, qu’il nous faut interpréter et comprendre les textes chazaliens mettant en relation la représentation de Dieu avec un symbole minéral ou ceux touchant aux liens entre la divinité et les montagnes sacrées de Petrusmok.

La Lémurie, un mythe littéraire de l’Océan indien Par Christophe CHABBERT

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