Drôle de journée que fut celle de ce 27 septembre 2016.
Elle n’avait pas trop bizarrement commencée pourtant. J’avais juste l’impression d’être entourée d’ondes mais j’ai songé que c’est l’effet d’un réveil matinal auquel je ne suis pas encore habituée. Pendant les cours, j’avais la vague impression de flotter, comme si je recevais les informations au travers d’un voile.
Vers le milieu de la matinée, je ne savais plus que faire de ma personne : je voulais rencontrer des connaissances, pourtant quelque chose en moi y était fortement opposée. Et par hasard, ces deux personnes ne se trouvèrent plus disponibles. Alors, cédant à mon instinct, je me rends au musée. L’ambiance régnante, la vue des œuvres, de la bibliothèque m’incommoda fortement, et ce, pour la première fois. J’avais l’impression que je connaitrais tout ce qui se rattache à une œuvre donnée. C’était comme si toute la bâtisse et ce qu’elle renfermait voulait me parler. J’ai l’habitude de ressentir cela, mais pas avec tant de force et où chaque chose avait son discours à me faire écouter.
Je me suis refugiée sur la terrasse pour lire et écrire un peu. J’étais distraite par je ne sais quoi. Et puis, le clan de chats qui occupe le musée est venu m’entourer. J’eu peur, car je me suis mise à entendre leurs petites pensées mêlée aux miennes. Puis leurs pensées tout court. Ce n’est pas la première fois que ça m’arrive, mais cette fois, j’éprouvais une forte répulsion. J’essayais de ne pas m’attarder à leur faire la conversation. Mais je demeurais incapable de me concentrer, l’écriture devint impossible et la lecture aussi. Je sorti.
Je me dirige vers un jardin qui abrite aussi un petit zoo. Une fois à l’intérieur de ce dernier, je me retrouve directement dans le côté des fauves. Je reste là à observer les uns et les autres dormir dans leurs cages. Seul un ne dormait pas, un lion. Il faisait des vas et viens, inlassablement. Je n’ai pas pu (et voulu) bouger. Je restais là, ébahie et hébétée. Sa condition de captif me déchirait le cœur. Lorsque j’ai perçu ses pensées, je failli m’évanouir. On s’est mis à parler de cet ailleurs sauvage qu’il n’a jamais connu ainsi que d’autres choses. J’entendais sa voix caverneuse dans ma tête.
Je sentais vaguement qu’on m’observait plus qu’il n’en fallait. J’avais beau rester une immobile et neutre observatrice, quelqu’un parmi les gens autour de moi, savait qu’il se passait quelque chose entre cette bête et moi. J’aurais voulu être accompagnée, pour passer inaperçue.
A un moment, me croyant divaguer, je demande un contact visuel avec la créature. Il a fait cela discrètement, dans ma tete j'entendais 'voila, je te regarde' mais comme j’étais toujours sceptique, il se mit à me fixer lorsqu’il venait dans ma direction. Plusieurs fois, même quand il se roulait, il ne me quittait pas, lui qui regardait toujours dans le vague. Lorsqu’il s’arrêtait un instant, à l’extrémité de la cage, à ma hauteur, nous avions tous les deux conscience qu’on se parlait et qu’on se regardait.
Je ne pouvais soutenir son regard, j’avais peur qu’on se doute de quelque chose, surtout qu’un employé rodait autour. Je compris quand il suivi le regard du lion et tomba sur moi. Il eut un petit sourire. Ce fait attira l’attention de deux autres. Je suis alors partie voir les autres bêtes, on se salua. J’ai cru devenir folle.
Je savais que, l’air de rien, l’employé me suivait. En sortant, je voulu ‘dire’ au revoir au lion. Je restais quelques instants à l’observer. Juste assez longtemps pour voir cet employé engager la conversation avec moi. Il parlait d'un ton léger, je jouais le jeu et écoutais son ‘baratin’. Je ne donnais aucun crédit à ses paroles, je doutais même de sa qualité d’employé à un certain moment. j'avais l'impression que le monde autour de moi n’était qu’ondulations. Puis soudain, sa voix devient aiguë et ses yeux parurent s’injecter de sang. Il me dit ‘je t’observe depuis tout à l’heure, je sais et tu sais, dis-moi, c’est tout…. J’espère que tu iras là où tu veux aller, quoi que c’est très loin…. As-tu déposé ton CV ou pas encore ?’
Intriguée, je réponds n’importe quoi. Il reprend sa voix normale, il s’anime, me parle gaiment de son métier, de ses chiens, on marche, il me présente ses oiseux préférés etc. Entre temps, il avait eu deux ou trois phases de ‘voix aiguë’, où il me disait ma façon de travailler, où il avait deviné l’année de ma naissance, où encore il me disait ma vision du mariage et des relations en général. Bien sûr, moi, dans ma pensée d’incrédule (il prêche le faux pour avoir le vrai) je brouillais tout ce qui pouvait lui servir de piste.
Mais il finit par m’ébranler. Cette double voix, ces yeux s’injectant de sang a chaque fois, cette double animation, comme s’il ne pouvait s’empêcher de parler le rendait tout à fait étrange. A la sortie du jardin, et au métro, il me dit ceci : ‘ Shahranm, tu as un... un très grand cœur, tout le monde vient y puiser ce dont il a besoin, (arrêtes de réfuter ce que je dis, je sais de quoi je parle, puisque tu refuses de me raconter et de m’en parler pour des raisons que je xxxçois et que je respecte, ça fait rien) ton énergie est aspirée, avalée et cela, malgré toi. Tu as aussi le mauvais œil. Le mauvais œil te tue, c'est pour ça. Tu es enviée, plus que tu ne peux l’imaginer (rigoles, mais je sais que tu as conscience de ce que je dis) et cela cause que tu es suivie par une entité, et d’autres, qui fait que tu as du retard dans tout ce que tu fais, surtout dans tes études, tes travaux, tout ce que tu entreprends coule, n’est-ce pas ? Vois ta dernière relation, tu es rongée par cet échec et tu commences à te poser des questions. Je ne suis pas le premier ; on ne t’a jamais parlé de ça avant, comme ça, quelqu’un dans la rue ? Non, sure ? Comme tu veux’. (J’avais nié alors que je me souvenais très bien de l’homme qui m’a tenu un étrange discours en janvier, dans le tramway).
Il m’avait lancé d’autres idées encore, même des détails qui auraient pu être 100 % justes. Il aurait pu être dans le vrai mais, je sais que les gens par ici sont superstitieux. Et je suis une sceptique avant tout. J’avoue être perdue. Je pourrais songer à un moment de folie, je ne sais pas, un rêve, mais j'ai des preuves matériels, palpables et bien visibles que j'ai vécu cette étrange journée...
Ps: veuillez pardonner la longueur du texte